La Liturgie traditionnelle
Les Constitutions de l’Institut du Christ Roi Souverain Prêtre prévoient que les prêtres de la communauté célèbrent la messe exclusivement selon la forme extraordinaire du rite romain.
Pendant la célébration de la Sainte Messe, le Prêtre porte la prière des fidèles et de toute l’Eglise et la présente à Dieu à qui il s’adresse et donc à qui il fait face.
La messe est célébrée en latin, la langue universelle de l’Eglise. Les fidèles peuvent suivre la messe et avoir les traductions en langues vernaculaires dans un missel (toujours à disposition dans l’église et avec possibilité de demander des conseils d’utilisation pour les néophytes).
La communion est reçue sur la langue si possible à genoux. Il est nécessaire d’être baptisé et d’être en état de grâce pour recevoir la Sainte Communion. Dans le cas contraire on peut s’approcher de la barrière de communion pour recevoir la bénédiction du prêtre en le lui signifiant, par exemple en croisant les bras sur la poitrine de manière à faire un X ou simplement en mettant un doigt sur la bouche fermée.
Il est bon de faire une action de grâce à l’issue de la messe avant de sortir de l’église.
Chaque année, une conférence explicative est donnée au presbytère sur la liturgie. Renseignements possibles auprès du chanoine responsable de l’apostolat (rubrique contact).
C’est dans la Liturgie que l’Esprit qui inspira les Écritures sacrées parle encore ; la Liturgie est la Tradition même à son plus haut degré de puissance et de solennité. – Dom Prosper Guéranger, abbé de Solesmes

De la liturgie en général
C’est toute la vie de l’Église qui s’exprime et qui s’épanouit dans sa liturgie ; toutes les relations de la création avec Dieu y trouvent leur principe et leur achèvement ; par les procédés mêmes qui réalisent en chacun et en tous l’union divine, la liturgie rend à Dieu « tout honneur et toute gloire ». – Dom Paul Delatte, abbé de Solesmes
« La prière est pour l’homme le premier des biens. Elle est sa lumière, sa nourriture, sa vie même, puisqu’elle le met en rapport avec Dieu, qui est lumière (Jean VIII : 12), nourriture (Ibid., VI : 35) et vie (Ibid., XIV : 6). Mais, de nous-mêmes, nous ne savons pas prier comme il faut (Romains VIII : 26); il est nécessaire que nous nous adressions à Jésus-Christ, et que nous lui disions comme les Apôtres : Seigneur, enseignez-nous à prier (Luc XI : 1). Lui seul peut délier la langue des muets, rendre diserte la bouche des enfants, et il fait ce prodige en envoyant son Esprit de grâce et de prières (Zacharie XII : 10), qui prend plaisir à aider notre faiblesse, suppliant en nous par un gémissement inénarrable (Romains VIII : 26).
Or, sur cette terre, c’est dans la sainte Église que réside ce divin Esprit. Il est descendu vers elle comme un souffle impétueux, en même temps qu’il apparaissait sous l’emblème expressif de langues enflammées. Depuis lors, il fait sa demeure dans cette heureuse Épouse ; il est le principe de ses mouvements ; il lui impose ses demandes, ses vœux, ses cantiques de louange, son enthousiasme et ses soupirs. De là vient que, depuis dix-huit siècles, elle ne se tait ni le jour, ni la nuit; et sa voix est toujours mélodieuse, sa parole va toujours au cœur de l’Époux. »
Le serviteur de Dieu Prosper Guéranger, premier abbé de Solesmes, ouvrait par ces lignes célèbres la préface générale de son Année liturgique, œuvre monumentale en quinze volumes consacrée à l’explication de l’année ecclésiastique romaine. On y trouve une parfaite définition de ce qu’est la liturgie (du grec λειτουργία, « œuvre publique » ou « service public ») : un éternel dialogue entre l’Église et le Christ, entre l’Épouse et l’Époux.
Dom Delatte, second successeur de Dom Guéranger, concentrait en quelques mots sa définition de ce qu’est, d’un point de vue terrestre, la liturgie, manifestation la plus élevée de la vertu de Religion, qui nous incline « à rendre à Dieu le culte qui lui est dû » : « elle est l’ensemble des actes, paroles, chants, rites au moyen desquels nous signifions notre religion intérieure ; c’est une prière collective et sociale, dont les formes ont un caractère régulier, défini et ordonné ».
Ce culte, que saint Benoît appelait Opus Dei, l’œuvre de Dieu, se manifeste dans la Sainte Messe, et dans l’Office divin, qui constitue l’écrin de cette dernière. Nous n’avons pas ici le loisir de détailler l’histoire de la liturgie à travers l’Ancien et le Nouveau Testament, de contempler avec ravissement ses implications mystiques, ou de détailler son inépuisable symbolisme sacré, qui fleurit dans le Cycle renouvelé année après année depuis deux millénaires ; bornons-nous donc à dresser une rapide définition de la Sainte Messe, de l’Office divin et de l’année liturgique.
Le Saint Sacrifice de la Messe
De même que le sacrifice sanglant et l’entrée de notre Pontife dans le sanctuaire du Ciel constituent le point culminant de son œuvre, de même la liturgie a son centre dans la Messe, dans l’Eucharistie. – Dom Paul Delatte, abbé de Solesmes
Pour définir la Sainte Messe, cédons la parole à Dom Chautard, abbé de Sept-Fons, qui se faisait l’écho de la célèbre formulation du Concile de Trente : « La Messe, c’est le sacrifice divin du Calvaire se reproduisant chaque jour au milieu de nous. Tous les jours, le Christ offre à Dieu sa mort par les mains du prêtre, tout comme au ciel dans la Messe de gloire il présente à son Père les cicatrices glorieuses de ses plaies pour perpétuer l’efficacité rédemptrice de la croix. Tous les jours, à la Messe, le Christ renouvelle l’œuvre immense de la rédemption du monde. »
La Sainte Messe est le plus grand acte qui se puisse accomplir ici-bas, « l’Action par excellence » (Dom Delatte) ; elle est « le centre de la religion chrétienne, cœur de la dévotion, arme de la piété, mystère ineffable qui comprend l’abîme de la Charité divine, et par lequel Dieu s’appliquant réellement à nous, nous communique magnifiquement ses grâces et faveurs », selon les mots de saint François de Sales. Le Saint-Sacrifice de la Messe est offert à Dieu pour quatre fins, rappelées dans le Catéchisme de saint Pie X :
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Pour lui rendre l’honneur qui lui est dû, et à ce point de vue le Sacrifice est latreutique.
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Pour le remercier de ses bienfaits, et à ce point de vue le Sacrifice est eucharistique.
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Pour l’apaiser, lui donner la satisfaction due pour nos péchés, soulager les âmes du purgatoire, et à ce point de vue le sacrifice est propitiatoire.
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Pour obtenir toutes les grâces qui nous sont nécessaires, et à ce point de vue le sacrifice est impétratoire.
« Dans toutes les saisons de l’Année Chrétienne, écrivait Dom Guéranger, il n’est point d’œuvre plus agréable à Dieu, plus méritoire et plus propre à nourrir la véritable piété, que l’assistance au saint Sacrifice delà Messe. Les fidèles doivent donc faire tous leurs efforts pour se procurer ce précieux avantage aux jours mêmes où la sainte Eglise ne leur en fait pas une obligation. » On ne saurait compter les fruits de l’assistance à la Sainte Messe ; saint François de Sales en parlait comme du « soleil des exercices spirituels ». Bornons-nous, ici, à citer l’exhortation de ce grand docteur, adressée à la Philothée de son Introduction à la vie dévote : « Faites donc toutes sortes d’efforts pour assister tous les jours a la sainte Messe, affin d’offrir avec le prêtre le sacrifice de votre Rédempteur à Dieu son Père, pour vous et pour toute l’Eglise. Toujours les Anges en grand nombre s’y trouvent présents, comme dit saint Jean Chrysostome, pour honorer ce saint mystère ; et nous y trouvant avec eux et avec une même intention, nous ne pouvons que recevoir beaucoup d’influences propices par une telle société. Les chœurs de l’Eglise triomphante et ceux de l’Eglise militante se viennent attacher et joindre à Notre-Seigneur en cette divine action, pour, avec Lui, en Lui et par Lui ravir le cœur de Dieu le Père et rendre sa Miséricorde toute nôtre. Quel bonheur a une âme de contribuer dévotement ses affections pour un bien si précieux et désirable ! »
Les chanoines de l’Institut du Christ-Roi célèbrent la messe selon le rite de saint Pie V, également appelé jusqu’à récemment « Forme extraordinaire du rite romain », en union avec le Saint-Siège. Ce rite antique, ancré dans la tradition apostolique, est l’un des plus beaux trésors de l’Église. Il se caractérise par sa profonde sacralité, son hiératisme et sa verticalité. L’usage du latin, langue liturgique de l’Église, et du chant grégorien, « chant propre de la liturgie romaine » comme le rappelait le Concile Vatican II, l’inscrivent dans la grande tradition de l’Église romaine, caractérisée par cet esprit de prière que l’on nomme onction. La messe traditionnelle se caractérise aussi par son silence, voile mystérieux qui entoure l’autel au moment de la Consécration.
Le rite traditionnel n’exclut aucunement la participation active des fidèles, encouragée par le dernier Concile. Ceux-ci s’unissent étroitement, par leur prière, par leurs réponses, et par leur attitude corporelle, aux actions sacrées du sanctuaire. Après un temps d’apprentissage, de nombreux fidèles aiment à suivre les textes de la Sainte Messe sur leur missel ; à ceux qui n’en disposent pas, ou qui n’ont pas encore appris à l’employer, des feuilles de messe munies des traductions de tous les textes du jour sont proposées.
L’Office divin
Je Vous chanterai des hymnes en présence des Anges. – Psaume CXXXVII : 1
Au-delà de la célébration du Saint-Sacrifice, le dialogue liturgique entre le Christ et son Épouse ne cesse ni le jour, ni la nuit, selon qu’il est écrit : « Sept fois le jour j’ai dit Votre louange » (Psaume CXVIII : 164), mais aussi : « Au milieu de la nuit je me levais pour Vous louer » (Ibid., 62). S’inscrivant dans une longue tradition remontant au Temple de Jérusalem et à la liturgie synagogale, l’Église romaine fait ainsi monter, sept fois par jour et une fois par nuit, sa prière liturgique en présence de Dieu. Cette liturgie est comme la respiration de l’Église, à travers ses ministres ordonnés, mais également les chœurs de moines et de religieux, en union avec l’Église triomphante au Ciel. Benoît XVI écrivait ainsi : « la Liturgie chrétienne est une invitation à chanter avec les anges et à donner à la parole sa plus haute fonction. » Ces Heures de l’Office forment « le glorieux cortège, la préparation ou le rayonnement de l’Eucharistie », selon le mot de Dom Paul Delatte, qui poursuivait : « N. B. Père [saint Benoît] et d’autres anciens sont donc bien inspirés lorsqu’ils appellent la liturgie dans son ensemble Opus Dei : l’œuvre qui a Dieu et Dieu seulement pour objet direct, l’œuvre qui magnifie Dieu, l’œuvre qui réalise des choses divines, l’œuvre à laquelle Dieu s’intéresse uniquement, dont il est l’agent principal, mais qui a bien voulu voir s’achever par des mains et sur des lèvres humaines ».
L’Office divin traditionnel est composé de huit heures : Matines (l’Office de la nuit), Laudes, Prime, Tierce, Sexte, None, Vêpres et Complies. Chaque heure est composée d’un certain nombre de Psaumes, de sorte que le Psautier entier soit récité sur la semaine ; à ces Psaumes s’ajoutent des cantiques bibliques, des lectures de l’Écriture Sainte et des Pères de l’Église, des hymnes, et autres pièces de composition ecclésiastique. Par la célébration de l’Office, le cœur de l’Église bat à l’unisson de toute la Création pour chanter les louanges du Seigneur ; comme l’écrivait Madame Cécile Bruyère, première abbesse de Sainte-Cécile de Solesmes, « cet hommage rendu à Dieu, outre qu’il est une dette de l’humanité envers lui, est un paratonnerre pour cette terre, et la source de toutes les faveurs dont elle a besoin pour correspondre à la fin de sa création ».
À l’instar des moines, mais selon des modalités différentes, les chanoines séculiers de l’Institut placent la vie liturgique et la récitation de l’Office au cœur de leur mission, au cœur de ce monde. Lorsque les tâches diverses de leur apostolat le permettent, ils célèbrent donc l’Office en commun au chœur. Les fidèles peuvent assister à ces offices, en particulier les Vêpres du dimanche. En privé, les prêtres récitent l’Office dans un livre appelé Bréviaire.
L’Année liturgique
Le cycle liturgique est un Credo vécu. Il est en même temps un traité complet de vie spirituelle, pouvant s’adapter à chaque âme selon ses besoins. – Madame Cécile Bruyère, première abbesse de Sainte-Cécile de Solesmes
Qui, mieux que Dom Prosper Guéranger, pourrait nous introduire aux insondables richesses de l’Année liturgique romaine ? « Combien nous voudrions, écrivait-il, pouvoir raconter dignement les merveilles saintes de ce Calendrier mystique, dont l’autre n’est que la figure et l’humble support ! Que nous serions heureux de faire bien comprendre toute la gloire qui revient à l’auguste Trinité, au Sauveur, à Marie, aux Esprits bienheureux et aux Saints, de cette annuelle commémoration de tant de merveilles ! Si l’Eglise renouvelle chaque année sa jeunesse, comme l’aigle (Psaume CII), c’est parce que, au moyen du Cycle liturgique, elle est visitée par son Epoux dans la proportion de ses besoins. Chaque année, elle le revoit enfant dans la crèche, jeûnant sur la montagne, s’offrant sur la croix, ressuscitant du sépulcre, fondant son Eglise et instituant ses Sacrements, remontant à la droite de son Père, envoyant l’Esprit-Saint aux hommes; et les grâces de ces divins mystères se renouvellent tour à tour en elle, en sorte que, fécondé selon le besoin, le Jardin de l’Eglise envoie à l’Epoux en tout temps, sous le souffle de l’Aquilon et de l’Auster, la délicieuse senteur de ses parfums (Cantique IV : 16). Chaque année, l’Esprit de Dieu reprend possession de sa bien-aimée, et lui assure lumière et amour; chaque année, elle puise un surcroît de vie dans les maternelles influences que la Vierge bénie épanche sur elle, aux jours de ses joies, de ses douleurs et de ses gloires; enfin, les brillantes constellations que forment dans leur radieux mélange les Esprits des neuf choeurs et les Saints des divers ordres d’Apôtres, de Martyrs, de Confesseurs et de Vierges, versent sur elle chaque année de puissants secours et d’inexprimables consolations. »
Ce Cycle sacré peut devenir la fondation d’une vie intérieure solide, lorsque l’âme apprend à respirer avec l’Église, qu’elle regarde son Époux par ses yeux, qu’elle Lui parle avec ses mots ; enfin, qu’elle apprend à vivre pleinement de la vie de ce Corps mystique, selon la belle formule de sainte Thérèse de Jésus, « fille de l’Église ». Mais laissons Dom Guéranger poursuivre : « ce que l’Année Liturgique opère dans l’Eglise en général, elle le répète dans l’âme de chaque fidèle attentif à recueillir le don de Dieu. Cette succession des saisons mystiques assure au Chrétien les moyens de cette vie surnaturelle, sans laquelle toute autre vie n’est qu’une mort plus ou moins déguisée; et il est des âmes tellement éprises de ce divin successif qui se déploie dans le Cycle catholique, qu’elles arrivent à en ressentir physiquement les évolutions, la vie surnaturelle absorbant l’autre, et le Calendrier de l’Eglise celui des astronomes. »
Nous n’avons pas ici le loisir de développer les profondes implications de chaque temps de l’année. Rappelons brièvement que le Cycle liturgique s’ouvre par le temps de l’Avent, qui nous fait revivre l’attente messianique d’Israël et ouvre sur le beau temps de Noël, où l’on commémore l’Incarnation du Sauveur. S’ensuivent le temps de l’Épiphanie, où le Verbe incarné fut manifesté aux nations, et le temps après l’Épiphanie. Ce dernier prélude au temps de la Septuagésime, préparation de trois semaines au grand Carême, chemin de pénitence vers la Semaine Sainte, cœur de l’année liturgique, où sont célébrés avec solennité les plus grands mystères de notre foi. Au lendemain de la Pâque du Seigneur s’ouvre le temps Pascal, saison lumineuse qui nous invite à contempler notre Sauveur ressuscité jusqu’à son Ascension et à la Pentecôte, fondation de l’Église par la descente du Saint-Esprit. Commence alors le temps après la Pentecôte, qui occupe approximativement la moitié de l’année, durant lequel l’Église se nourrit de la contemplation de la vie publique du Christ, entretenant la flamme de l’Espérance.
Pour vivre pleinement des richesses de l’année liturgique, les fidèles catholiques, outre l’assistance à la Liturgie de l’Église, peuvent lire et méditer chaque jour les textes de la messe dans leur missel, que Dom Gaspar Lefebvre, moine bénédictin belge, appelait « la source première et indispensable de tout esprit chrétien ».