La Confession

C’est pourquoi, Je te le dis, beaucoup de péchés lui sont remis, parce qu’elle a beaucoup aimé. – Luc VII : 47.

Gustave Doré, Marie-Madeleine repentante, 1866

La confession à Saint-Étienne

À l’église Saint-Étienne, les fidèles ont la chance de disposer de plusieurs permanences de confessions chaque semaine :

  • Le lundi de 18h à 19h
  • Le mardi de 18h30 à 19h.

  • Le jeudi de 18h30 à 19h30.

  • Le vendredi de 18h à 19h
  • Créneau supplémentaire le 1er vendredi du mois de 20h à 22h.

  • Le samedi de 10h à 11h.

  • Le dimanche de 10h à 12h.

En cas de besoin, on pourra prendre rendez-vous avec un prêtre (voir la rubrique « contacts » sur la page d’accueil).

L’Église commande aux catholiques de se confesser au moins une fois l’an. La fréquence des confessions peut être fixée individuellement avec le confesseur, ou avec le père spirituel.

À ceux que l’idée de la confession intimide, il convient de rappeler que les péchés ne sont pas accusés à la personne du prêtre, mais à Jésus Lui-même, dont le prêtre n’est que l’instrument (voir l’article : « Des sacrements en général »). La peur d’être jugé par le prêtre, très humaine, ne doit pas nous empêcher d’accuser les péchés graves.

L’usage des confessionnaux traditionnels, en plus d’offrir l’intimité nécessaire à l’administration de ce sacrement, accentue le caractère surnaturel de ce dialogue entre le prêtre, agissant in persona Christi capitis, c’est-à-dire « en la personne même du Christ chef », et le pénitent.

Sachez que l’antique ennemi s’efforce d’étouffer vos bons désirs et de vous éloigner de tout pieux exercice, du culte des saints, de la méditation de mes douleurs et de ma mort, du souvenir si utile de vos péchés, de l’attention de veiller sur votre cœur, et du ferme propos d’avancer dans la vertu. Il vous suggère mille pensées mauvaises pour vous causer du trouble et de l’ennui, pour vous détourner de la prière et des lectures saintes. Une humble confession lui déplaît et, s’il pouvait, il vous éloignerait tout à fait de la communion. – L’Imitation de Jésus-Christ.

Comment se confesser ?

  • Préalablement à la confession, on prendra le temps de faire un véritable examen de conscience, en s’aidant éventuellement de son missel. Il conviendra de faire cet examen dans un esprit de prière, avec sincérité, sans diminuer ni exagérer la gravité de ses fautes. On pourra notamment s’aider du Décalogue (les dix Commandements). Afin de ne rien oublier, les péchés peuvent être écrits sur un morceau de papier que l’on jettera ou brûlera ensuite. Souvenons-nous de la parole de saint Jean : « Si nous disons que nous n’avons pas de péché, nous nous séduisons nous-mêmes, et la vérité n’est point en nous (I Jean I : 8) ».

  • Il conviendra de distinguer le péché véniel du péché mortel. Le péché véniel est une désobéissance volontaire aux Commandements de Dieu ; il ne doit pas être considéré comme un mal léger, mais sa gravité diffère de celle du péché mortel. Le péché mortel sépare l’âme de Dieu en détruisant le lien de la charité. Trois critères doivent être remplis pour qu’un péché soit mortel : sa matière doit être grave, il faut avoir pleine conscience de cette gravité, et y apporter malgré tout son plein consentement. Pour un chrétien, le péché mortel est pire que la mort. C’est pourquoi Blanche de Castille disait à saint Louis : « Mon fils, je préfère te voir mort plutôt que de te savoir en état de péché mortel ».

  • Avant d’entrer dans le confessionnal, on pourra, par exemple, réciter le Confiteor ou le Miserere, ou méditer les mystères douloureux du Rosaire, afin d’aviver notre componction.

  • En entrant dans le confessionnal, on se met à genoux et l’on dit : « Bénissez-moi, mon père, parce que j’ai péché. » Le prêtre donne sa bénédiction au pénitent.

  • On dit alors à quand remonte sa dernière confession. Si celle-ci remonte à plusieurs années, ou si c’est notre première confession, il convient de le dire clairement, afin que le prêtre puisse accompagner convenablement le pénitent.

  • Puis on s’accuse de ses péchés, en précisant si nécessaire leur gravité, le degré de consentement que l’on y a mis, le nombre de fois qu’on les a commis. Il convient de faire preuve d’une grande simplicité : en cas de doute, de trouble, de difficulté à accuser tel ou tel péché, n’hésitons pas à solliciter l’aide du confesseur, qui pourra nous aider.

  • Pour que la confession soit valide, il faut avoir une réelle intention de se corriger, même dans le cas des addictions. S’il existe une addiction à un péché véniel ou mortel, il convient d’en informer le prêtre.

  • Une fois tous les péchés accusés, on pourra conclure par une formule comme la suivante : « Je m’accuse de tous ces péchés, de ceux que j’aurais pu oublier, ainsi que de tous ceux de ma vie passée ; j’en demande pardon à Dieu et à vous, mon père, pénitence et absolution ».

  • Le prêtre peut alors poser des questions, si nécessaire, afin de préciser certaines choses, et adresse au pénitent une brève exhortation afin de l’encourager à se convertir. Puis il lui impose une pénitence, qui consiste généralement en quelques prières vocales. Enfin, il l’exhorte à formuler l’acte de contrition : « Mon Dieu, j’ai un très grand regret de vous avoir offensé, parce que vous êtes infiniment bon, infiniment aimable, et que le péché vous déplaît. Je prends la ferme résolution, avec le secours de votre sainte grâce, de ne plus vous offenser et de faire pénitence ».

  • Le prêtre prononce alors la formule d’absolution. Le pénitent fait le signe de croix.

  • Après avoir remercié le prêtre, on se retire et l’on accomplit au plus tôt sa pénitence. Il convient de prendre un temps de prière en action de grâces.

  • Au sortir du confessionnal, l’âme a retrouvé la pureté et la blancheur de sa robe baptismale. « Je vous le dis, il y aura de même plus de joie dans le Ciel pour un seul pécheur qui fait pénitence, que pour quatre-vingt-dix-neuf justes qui n’ont pas besoin de pénitence (Luc XV : 7) ».

Bien instruite de tout ce que je devais faire, j’entrai au confessionnal et me mis à genoux; mais en ouvrant le guichet, le prêtre ne vit personne. J’étais si petite que ma tête se trouvait sous la planchette où l’on s’appuie les mains. Alors il me dit de rester debout. Obéissant aussitôt, je me levai et, me tournant juste en face pour mieux le voir, je me confessai et reçus sa bénédiction avec un grand esprit de foi; — car vous m’aviez assuré qu’à ce moment solennel les larmes du petit Jésus allaient purifier mon âme. — Je me souviens de l’exhortation qui me fut adressée : elle m’invitait surtout à la dévotion envers la sainte Vierge; et je me promis de redoubler de tendresse pour celle qui tenait déjà une bien grande place dans mon cœur. Enfin, je passai mon petit chapelet pour le faire bénir, et je sortis du confessionnal si contente et si légère que jamais je n’avais senti autant de joie. – Sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus et de la Sainte-Face.

Petit catéchisme du sacrement de la Confession (extrait du Compendium du Catéchisme de l’Église catholique)

296. Comment est appelé ce sacrement?

Il est appelé sacrement de Pénitence, de Réconciliation, du Pardon, de la Confession, de la Conversion.

297. Pourquoi y a-t-il un sacrement de la Réconciliation après le Baptême?

Parce que la vie nouvelle de la grâce, reçue au Baptême, n’a pas supprimé la faiblesse de la nature humaine, ni l’inclination au péché (c’est-à-dire la concupiscence), le Christ a institué ce sacrement pour la conversion des baptisés qui se sont éloignés de lui par le péché.

298. Quand ce sacrement fut-il institué?

Le Christ ressuscité a institué ce sacrement quand il est apparu à ses Apôtres, le soir de Pâques, et qu’il leur a dit: « Recevez l’Esprit Saint; tout homme à qui vous remettrez ses péchés, ils lui seront remis; tout homme à qui vous maintiendrez ses péchés, ils lui seront maintenus (Jean XX : 22-23) ».

299. Les baptisés ont-ils besoin de se convertir?

L’appel du Christ à la conversion retentit en permanence dans la vie des baptisés. La conversion est un combat continuel de toute l’Église, qui est sainte, mais qui, en son sein, comprend des pécheurs.

300. Qu’est-ce que la pénitence intérieure?

C’est l’élan du « cœur brisé » (Psaume L : 19), poussé par la grâce divine à répondre à l’amour miséricordieux de Dieu. La pénitence implique douleur et aversion vis-à-vis des péchés commis, ferme propos de ne plus pécher à l’avenir et confiance dans le secours de Dieu. Elle se nourrit de l’espérance en la miséricorde divine.

301. Sous quelles formes s’exprime la pénitence dans la vie chrétienne?

La pénitence s’exprime sous des formes très variées, en particulier par le jeûne, la prière, l’aumône. Ces formes de pénitence, et d’autres encore, peuvent être pratiquées par le chrétien dans sa vie quotidienne, notamment pendant le temps du Carême et le vendredi, qui est jour de pénitence.

302. Quels sont les éléments essentiels du sacrement de la Réconciliation?

Ils sont au nombre de deux : les actes accomplis par l’homme qui se convertit sous l’action de l’Esprit Saint et l’absolution du prêtre qui, au nom de Christ, accorde le pardon et précise les modalités de la satisfaction.

303. Quels sont les actes du pénitent?

Il faut : un sérieux examen de conscience; la contrition (ou repentir), qui est parfaite quand elle est motivée par l’amour envers Dieu, et imparfaite quand elle est fondée sur d’autres motifs et qu’elle inclut le propos de ne plus pécher; la confession, qui consiste dans l’aveu des péchés devant le prêtre; la satisfaction, à savoir l’accomplissement de certains actes de pénitence que le confesseur impose au pénitent, afin de réparer le dommage causé par le péché.

304. Quels péchés faut-il confesser?

On doit confesser tous les péchés graves qui n’ont pas encore été confessés et dont on se souvient après un sérieux examen de conscience. La confession des péchés graves est l’unique moyen ordinaire pour obtenir le pardon.

305. Quand faut-il confesser les péchés graves?

Tout fidèle ayant atteint l’âge de raison est tenu à l’obligation de confesser ses péchés graves au moins une fois dans l’année et, de toute façon, avant de recevoir la Communion.

306. Pourquoi les péchés véniels sont-il aussi objet de la confession sacramentelle?

Bien que la confession des péchés véniels ne soit pas nécessaire au sens strict, elle est vivement recommandée par l’Église, parce qu’elle contribue à former la conscience droite et à lutter contre les inclinations mauvaises, pour se laisser guérir par le Christ et progresser dans la vie de l’Esprit.

307. Qui est le ministre du sacrement?

Le Christ a confié le ministère de la Réconciliation à ses Apôtres, aux Évêques, leurs successeurs, et aux prêtres, leurs collaborateurs, qui deviennent ainsi les instruments de la miséricorde et de la justice de Dieu. Ils exercent le pouvoir de pardonner les péchés au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit.

308. À qui est réservée l’absolution de certains péchés?

L’absolution de certains péchés particulièrement graves (comme ceux qui sont punis d’excommunication) est réservée au Siège apostolique ou à l’Évêque du lieu ou aux prêtres autorisés par eux, bien que tout prêtre puisse absoudre de tout péché et de toute excommunication quiconque est en danger de mort.

309. Le confesseur est-il tenu au secret?

Étant donné la délicatesse et la grandeur de ce ministère et le respect dû aux personnes, tout confesseur est tenu, sans exception aucune et sous peine de sanctions très sévères, de garder le sceau sacramentel, c’est-à-dire l’absolu secret au sujet des péchés dont il a connaissance par la confession.

310. Quels sont les effets de ce sacrement?

Les effets du sacrement de la Pénitence sont : la réconciliation avec Dieu, et donc le pardon des péchés; la réconciliation avec l’Église; le retour dans l’état de grâce s’il avait été perdu; la rémission de la peine éternelle méritée à cause des péchés mortels et celle, au moins en partie, des peines temporelles qui sont les conséquences du péché; la paix et la sérénité de la conscience, ainsi que la consolation spirituelle; l’accroissement des forces spirituelles pour le combat chrétien.

311. En certaines circonstances, peut-on célébrer ce sacrement par une confession générale et l’absolution collective?

Dans les cas de grave nécessité (comme le danger imminent de mort), on peut recourir à la célébration communautaire de la Réconciliation avec confession générale et absolution collective, dans le respect des normes de l’Église et avec le propos de confesser individuellement les péchés graves, en temps voulu.

312. Qu’est-ce que les indulgences?

Les indulgences sont la rémission devant Dieu de la peine temporelle due pour les péchés dont la faute est déjà pardonnée. À certaines conditions, le fidèle acquiert cette rémission, pour lui-même ou pour les défunts, par le ministère de l’Église qui, en tant que dispensatrice de la rédemption, distribue le trésor des mérites du Christ et des saints.

Si nous sommes bien humbles, Philothée, nos péchés nous déplairont infiniment, parce que Dieu en a été offensé ; mais la confession de nos péchés nous sera douce et consolante, parce que Dieu en est honoré : c’est une manière de soulagement pour un malade, que de découvrir au Médecin tout le mal qu’il sent. Quand vous serez aux pieds de votre Père spirituel, imaginez-vous que vous êtes sur le Calvaire aux pieds de Jésus crucifié, et que son précieux sang distille de toutes ses plaies sur votre âme, pour vous laver de vos iniquités ; car véritablement c’est l’application des mérites de son sang répandu sur la Croix, qui sanctifie les pénitents de la confession. Ouvrez donc entièrement à votre Confesseur tout votre cœur pour le décharger de vos péchés, et vous le remplirez en même-temps de bénédictions, par les mérites de la passion de Jésus-Christ. – Saint François de Sales.

La Confession d’après le serviteur de Dieu Prosper Guéranger (extrait de L’Année liturgique)

La miséricorde du Rédempteur a donné naissance au quatrième Sacrement, dont nous contemplons aujourd’hui les merveilles. Jésus connaît la faiblesse de l’homme : il sait que, chez le plus grand nombre, la grâce reçue dans le Baptême ne se conservera pas, que le péché viendra le plus souvent flétrir cette plante que la rosée du ciel avait nourrie, et qui, après sa croissance et sa floraison, devait être transplantée dans les jardins de l’éternité. N’y aura-t-il plus d’espoir qu’elle revive, cette fleur autrefois si suave, maintenant fanée comme l’herbe des champs que la faux a coupée ? Celui-là seul qui l’avait produite pourrait lui rendre la vie. Ô prodige de bonté ! c’est ainsi qu’il a daigné agir. Plus jaloux du salut du pécheur que de sa propre gloire, il a préparé, comme disent les Pères, une seconde planche pour le second naufrage. Le saint Baptême avait été la première après le premier naufrage; mais le péché mortel est venu replonger rame dans l’abîme. Désormais retombée au pouvoir de son ennemi, elle gémit dans des liens qu’il n’est pas en son pouvoir de rompre, et ces liens l’enchaînent pour l’éternité.

Aux jours de sa vie mortelle, Jésus, qui était venu « non pour juger le monde, mais pour le sauver (Jean XII : 47) », annonça, dans sa compassion pour les âmes qu’il venait racheter, que ces liens encourus par l’ingratitude du pécheur céderaient devant un pouvoir qu’il daignerait un jour établir. Parlant à ses Apôtres, il leur déclara « que tout ce qu’ils auraient délié sur la terre serait en même temps délié dans le ciel (Matthieu XVIII : 18) ». Depuis cette parole si solennelle, Jésus a offert son Sacrifice sur la croix; son sang d’un prix infini a coulé pour l’expiation surabondante des péchés du monde. Un tel Rédempteur ne saurait oublier l’engagement qu’il a pris. Rien au contraire ne lui tient plus à cœur que de le remplir; car il connaît les redoutables périls que court notre salut. Le soir même de sa résurrection, il apparaît à ses Apôtres, et dès les premières paroles qu’il leur adresse, il s’empresse de dégager la promesse qu’il fit autrefois. On y sent comme une miséricordieuse impatience de ne pas laisser plus longtemps l’homme dans ces liens humiliants et terribles qu’il a encourus. A peine a-t-il répandu dans leurs âmes son Esprit-Saint en soufflant sur eux, que tout aussitôt il ajoute : « Ceux à qui vous remettrez les péchés, ils leur sont remis (Jean XX : 23) ». Et remarquez ici, avec toute l’Eglise, l’énergie de ces paroles : « ils leur sont remis. » Jésus ne dit pas : «ils leur seront remis ». Ce n’est plus la promesse, c’est le don lui-même. Les Apôtres n’ont pas fait usage encore du divin pouvoir que Jésus leur confère, et déjà toutes les sentences d’absolution qu’eux et leurs successeurs dans ce noble ministère rendront jusqu’à la fin des siècles, sont confirmées au ciel.

Gloire soit donc à notre divin Ressuscité qui a daigné abaisser toutes les barrières de sa justice, pour laisser passage au torrent de sa miséricorde ! Que toute créature humaine chante à son honneur ce beau cantique dans lequel David, entrevoyant les merveilles qui devaient apparaître dans la plénitude des temps, célébrait cette Rémission des péchés, dont les Apôtres devaient faire l’un des articles de leur Symbole. « O mon âme, s’écriait le Roi-Prophète, bénis le Seigneur; que toutes tes puissances s’unissent pour exalter son saint Nom ; car c’est lui-même qui te pardonne toutes tes iniquités, qui guérit toutes tes maladies, et qui rachète ton âme du trépas.

« Semblable à l’aigle, tu recouvres ta première jeunesse; car le Seigneur est miséricordieux jusqu’à l’excès, et sa colère n’est pas éternelle contre nous. Il a daigné ne pas nous traiter selon nos péchés, et maintenant nos iniquités sont aussi loin de nous que l’orient l’est du couchant. Comme un père a pitié de ses enfants, ainsi le Seigneur a eu pitié de ceux qui le craignent; car il connaît l’argile dont nous sommes formés. Il sait que nous ne sommes que poussière, que la vie de l’homme est comme la durée de l’herbe des champs. Il sait que le souffle qui nous anime passe en un moment, et qu’après un peu de temps, on ne retrouve déjà plus la trace de l’homme ici-bas. Mais la miséricorde du Seigneur est en rapport avec son éternité ; et jusqu’à la fin, il daigne l’offrir à ceux qui le craignent. Bénis donc le Seigneur, ô mon âme (Psaume CII) ! »

Mais nous, enfants de la promesse, nous connaissons mieux encore que David l’étendue des miséricordes du Seigneur. Jésus ne s’est pas contenté de nous dire que le pécheur recourant avec un humble repentir à la divine Majesté au plus haut des cieux, pourra obtenir son pardon; car la réponse de miséricorde n’étant pas sensible, une anxiété terrible viendrait trop souvent traverser notre espérance ; ce sont des hommes qu’il a charges de traiter avec nous en son nom. « Afin que toute créature sache que le Fils de l’homme a le pouvoir de remettre les péchés sur la terre (Luc V : 24) », il a donné pouvoir à ses délégués de prononcer sur nous une sentence d’absolution que nos oreilles seront à même d’entendre, et qui portera jusqu’au fond de nos âmes repentantes la douce confiance du pardon.

Ô Sacrement ineffable par la vertu duquel le ciel, qui sans lui serait resté presque désert, est peuplé d’innombrables élus, « qui chanteront éternellement les miséricordes du Seigneur (Psaume LXXXVIII) » ! Ô puissance irrésistible des paroles de l’absolution, qui empruntent sa force infinie au sang de la Rédemption, et entraînent après elles toutes les iniquités qui vont se perdre dans l’abîme des divines miséricordes ! L’éternité des douleurs eût roulé sur ces iniquités toutes ses vagues brûlantes, sans leur apporter l’expiation ; et il a suffi de la parole sacerdotale : Je vous absous, pour les faire évanouir sans retour.

Tel est le divin Sacrement de la Pénitence, où, en retour de l’humble confession de ses péchés et du regret sincère de les avoir commis, l’homme rencontre le pardon, et non une fois dans sa vie, mais toujours ; non peur un genre de péchés, mais pour tous. Dans son envie contre le genre humain racheté par un Dieu, Satan a voulu ravir un tel don à l’homme, en lui ôtant la foi à cet ineffable bienfait de Jésus ressuscité. Que n’a pas dit l’hérésie contre cet auguste Sacrement ? D’abord elle osa prétendre qu’il obscurcissait la gloire du saint Baptême, tandis qu’au contraire il l’honore en la renouvelant sur les ruines du péché. Plus tard, elle voulut exiger comme absolument nécessaires au Sacrement des dispositions tellement parfaites, que l’absolution trouverait l’âme déjà réconciliée avec Dieu : piège dangereux dans lequel le jansénisme sut prendre un si grand nombre de chrétiens, perdant les uns par l’orgueil, et les autres parle découragement. Enfin elle a produit ce dicton huguenot trop souvent répété dans notre société incroyante : « Je confesse mes péchés à Dieu » ; comme si Dieu offensé n’était pas maître de fixer les conditions auxquelles il veut bien remettre l’offense.

Les divins Sacrements ne peuvent être acceptés que par la foi ; et cela doit être, puisqu’ils sont divins ; mais celui de la Pénitence est d’autant plus cher au fidèle, qu’il humilie plus profondément son orgueil, en le contraignant de demander à l’homme ce que Dieu aurait pu directement accorder. « Allez, et faites-vous voir aux prêtres (Luc XVII : 14) », disait Jésus aux lépreux qu’il lui plaisait de guérir : nous devons trouver tout simple qu’il procède de même quand il s’agit de la lèpre des âmes.

Notre Sauveur a laissé à son Église le Sacrement de la Pénitence ou de la Confession, pour y purifier en tout temps nos âmes des souillures qu’elles peuvent avoir contractées. Ne souffrez donc jamais, Philothée, que votre cœur demeure longtemps infecté du péché, puisque vous avez contre sa corruption un remède si sûr et si facile. Une âme qui se sent coupable d’un péché, devrait avoir horreur de soi-même ; et le respect qu’elle doit aux yeux de la divine Majesté, l’oblige à s’en purifier au plus tôt. Hélas ! pourquoi nous laisser mourir de la mort spirituelle, ayant entre les mains un remède souverain pour nous guérir ? – Saint François de Sales.