L’Eucharistie

Pour faire votre première communion ou la faire faire à votre enfant, n’hésitez pas à contacter le chanoine responsable de l’apostolat (rubrique contact).

Celui qui mange Ma chair et boit Mon sang demeure en Moi, et Moi en lui. – Jean VI : 57.

Philippe de Champaigne, La Cène, v. 1652

Le sacrement de l’Eucharistie à Saint-Étienne

La Sainte Communion est ordinairement administrée aux fidèles lors de la Sainte Messe, célébrée chaque jour ou presque à l’église Saint-Étienne. Rappelons ici brièvement les conditions pour communier ; si celles-ci ne sont pas réunies, la communion sera sacrilège, selon la parole de saint Paul : « quiconque mangera ce pain ou boira le calice du Seigneur indignement, sera coupable envers le corps et le sang du Seigneur (I Corinthiens XI : 27) ».

  • Être baptisé et catholique pratiquant, c’est-à-dire suivre tous les commandements de Dieu et de son Église.

  • Avoir la vraie foi en l’Eucharistie, c’est-à-dire adhérer de toute sa volonté et sans aucune réserve aux vérités exposées ci-dessous dans le Catéchisme.

  • Être en état de grâce, c’est-à-dire ne pas avoir de péché grave non encore pardonné dans le cadre de la confession sur la conscience. La contrition, même parfaite, ne suffit pas pour recevoir la sainte Communion.

  • Être à jeun depuis au moins une heure avant la communion, sauf en cas de danger de mort.

  • Avoir une attitude et une tenue corporelle respectueuses du Seigneur, c’est-à-dire être vêtu avec modestie et se tenir à genoux, sauf impossibilité. La Sainte Communion se reçoit sur la langue. Il convient de placer ses mains sous la nappe de communion, de façon à ce que l’hostie y soit retenue si elle venait à tomber. Les fidèles ne doivent jamais toucher le Saint-Sacrement.

  • Ne pas être empêché par le droit (c’est-à-dire excommunié ou frappé d’interdit).

  • Le pardon des offenses et la charité fraternelle, selon la parole de Notre-Seigneur : « Si donc tu présentes ton offrande à l’autel, et que là tu te souviens que ton frère a quelque chose contre toi, laisse là ton offrande devant l’autel, et va d’abord te réconcilier avec ton frère, et ensuite tu reviendras présenter ton offrande (Matthieu V : 23-24) ».

  • Rappelons aussi qu’à la différence des prêtres, les fidèles ne peuvent communier qu’une fois par jour. Les fidèles ayant communié à la Messe de Minuit et lors de la Vigile Pascale peuvent toutefois communier à la messe du jour suivant.

En cas de doute, mieux vaut s’abstenir de communier que risquer de faire une communion sacrilège, qui est un péché mortel lorsqu’elle est faite de propos délibéré (voir l’article consacré au sacrement de Pénitence). Il conviendra de s’ouvrir le plus tôt de ces doutes à un prêtre, dans le cadre de la confession. Dans le cas où l’on serait dans l’impossibilité de se confesser, il est nécessaire de faire un acte de contrition parfaite – ce qui implique la résolution de se confesser dès que possible et ne permet pas de communier avant cela.

Dans des circonstances exceptionnelles, et en particulier pour les malades graves ne pouvant se déplacer, un prêtre peut se déplacer afin d’administrer la Sainte Communion à domicile ou à l’hôpital, par exemple. La dernière communion des mourants est appelée « Viatique » (de Viaticum : « provisions de voyage ») ; elle est administrée après l’Extrême-onction et fait partie des derniers sacrements.

Que mon âme soupire et se sente défaillir en pensant à vos Tabernacles ; qu’elle désire se fondre et être avec Vous. Donnez à cette âme d’avoir uniquement faim de Vous, vrai Pain de vie descendu du ciel, Pain des Anges, Nourriture des âmes saintes, notre Pain de chaque jour, notre Pain par excellence, renfermant toute saveur, toute douceur et tout enivrement de suavité, Vous que les Anges désirent contempler. – Saint Bonaventure.

La préparation à la première Communion

La première communion est accessible dès l’âge de raison. Il faut donc être capable de discerner le bien du mal, émettre un désir explicite de communier, et avoir assimilé les vérités essentielles dispensées au catéchisme. Les parents ont la responsabilité de présenter leurs enfants à la première communion. Dans le cas où les enfants ne suivraient pas le catéchisme dispensé dans notre apostolat, les prêtres peuvent demander à rencontrer les enfants afin de s’assurer de leur préparation. La cérémonie de première communion peut avoir lieu à différentes dates, selon les années : Jeudi Saint, Fête-Dieu…

Pour les jeunes gens et adultes, la préparation est effectuée au sein du groupe de Catéchisme pour adultes, sous la responsabilité du Chanoine François de Beaurepaire.

Quel que soit l’âge, une personne n’ayant pas encore fait sa première communion (jeunes enfants, catéchumènes) ou ayant déjà communié au cours de la journée peut se présenter à la Sainte Table en montrant explicitement qu’elle ne souhaite pas recevoir la Sainte Communion : bras croisés sur la poitrine ou doigt devant la bouche. Elle recevra alors la bénédiction du prêtre.

Ah ! qu’il fut doux le premier baiser de Jésus à mon âme ! Oui, ce fut un baiser d’amour ! Je me sentais aimée, et je disais aussi : « Je vous aime, je me donne à vous pour toujours! » Jésus ne me fit aucune demande, il ne réclama aucun sacrifice. Depuis longtemps déjà, lui et la petite Thérèse s’étaient regardés et compris… Ce jour-là, notre rencontre ne pouvait plus s’appeler un simple regard, mais une fusion. Nous n’étions plus deux : Thérèse avait disparu comme la goutte d’eau qui se perd au sein de l’océan, Jésus restait seul; il était le Maître, le Roi ! Thérèse ne lui avait-elle pas demandé de lui ôter sa liberté ? Cette liberté lui faisait peur; elle se sentait si faible, si fragile, que pour jamais elle voulait s’unir à la Force divine. – Sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus et de la Sainte-Face.

L’adoration eucharistique à Saint-Étienne

Hors de la pratique de la Sainte Communion, l’Église recommande aux fidèles la pratique de l’adoration eucharistique. La Sainte Hostie est présentée à l’adoration dans un ostensoir entouré de cierges ardents et de fleurs, derrière le voile de l’encens. Les fidèles peuvent alors venir se recueillir à ses pieds et plonger leur regard dans l’hostie, selon ce qui est écrit : « Venez à Moi, vous tous qui êtes fatigués et qui êtes chargés, et Je vous soulagerai (Matthieu XI : 28) ». À la fin de l’adoration, le prêtre bénit solennellement l’assemblée des fidèles avec l’ostensoir: c’est le salut du Saint-Sacrement. À Saint-Étienne, il est possible de venir adorer le Saint-Sacrement chaque jeudi de 18h30 à 19h15 (temps d’adoration partagé avec la paroisse Saint-Eubert), et le premier vendredi de chaque mois de 19h30 à 22h00 dans le cadre de la dévotion au Sacré-Cœur.

Son amour l’a conduit plus loin encore : il le retient dans le très saint Sacrement comme sur un trône d’amour. Là nous le voyons sous les apparences d’un peu de pain, enfermé dans un ciboire, ne révélant rien de sa majesté qui paraît totalement anéantie ; il est sans mouvement, privé de l’usage des sens ; on dirait qu’il n’exerce plus d’autre fonction que d’aimer les hommes. – Saint Alphonse de Liguori.

La Communion spirituelle

Sur le sujet de la communion spirituelle, laissons la parole au Père Lorenzo Scupoli, auteur du ­Combat spirituel : « Quoique vous ne puissiez pas communier réellement plus d’une fois en un jour, vous le pouvez faire spirituellement, comme j’ai déjà dit, à toute heure, et il n’y a que votre seule négligence, ou quelque semblable défaut, qui puisse vous priver de cet avantage. Or, il est à remarquer que la Communion spirituelle est quelquefois plus utile à l’âme, et plus agréable à Dieu, que plusieurs Communions sacramentelles faites sans beaucoup de préparation et avec tiédeur. Lors donc que vous serez disposé à cette espèce de Communion, le fis de Dieu sera toujours prêt à se donner spirituellement à vous pour être votre nourriture. »

Le pain des Anges devient le pain des hommes ;
Le pain du ciel met fin aux figures ;
Ô prodige admirable : il mange son Seigneur,
Le pauvre, l’esclave, le tout petit !
– Saint Thomas d’Aquin, Hymne des Matines de la Fête-Dieu

Petit catéchisme du sacrement de l’Eucharistie (extrait du Compendium du Catéchisme de l’Église catholique)

271. Qu’est-ce que l’Eucharistie?

L’Eucharistie est le sacrifice même du Corps et du Sang du Seigneur Jésus, qu’il a instituée pour perpétuer au long des siècles jusqu’à son retour le sacrifice de la croix, confiant ainsi à son Église le mémorial de sa Mort et de sa Résurrection. L’Eucharistie est le signe de l’unité, le lien de la charité, le repas pascal, où l’on reçoit le Christ, où l’âme est comblée de grâce et où est donné le gage de la vie éternelle.

272. Quant le Christ a-t-il institué l’Eucharistie?

Il l’a instituée le Jeudi saint, « la nuit même où il était livré (I Corinthiens XI : 23) », alors qu’il célébrait la dernière Cène avec ses Apôtres.

273. Comment l’a-t-il instituée?

Après avoir réuni ses Apôtres au Cénacle, Jésus prit le pain dans ses mains, le rompit et le leur donna, en disant : « Prenez, et mangez-en tous : ceci est mon corps livré pour vous ». Puis il prit dans ses mains la coupe remplie de vin et leur dit : « Prenez, et buvez-en tous, car ceci est la coupe de mon sang, le sang de l’Alliance nouvelle et éternelle, qui sera versé pour vous et pour la multitude en rémission des péchés. Vous ferez cela, en mémoire de moi ».

274. Que représente l’Eucharistie dans la vie de l’Église?

Elle est la source et le sommet de toute la vie chrétienne. Dans l’Eucharistie culminent l’action sanctifiante de Dieu envers nous et le culte que nous lui rendons. L’Eucharistie renferme tout le bien spirituel de l’Église : le Christ lui-même, notre Pâque. La communion de la vie divine et l’unité du  Peuple de Dieu sont exprimées et réalisées par l’Eucharistie. À travers la célébration eucharistique, nous nous unissons déjà à la liturgie du Ciel et nous anticipons la vie éternelle.

275. Comment désigne-t-on ce sacrement?

La richesse insondable de ce sacrement se manifeste par différents noms, qui en traduisent les aspects particuliers. Les plus communs sont : Eucharistie, Sainte Messe, Cène du Seigneur, Fraction du pain, Célébration eucharistique, Mémorial de la passion, de la mort et de la résurrection du Seigneur, Saint Sacrifice, Sainte et Divine Liturgie, Saints Mystères, Saint-Sacrement de l’autel, Communion.

276. Quelle est la place de l’Eucharistie dans le plan divin du salut?

Dans l’Ancienne Alliance, l’Eucharistie est préfigurée surtout par le repas pascal célébré chaque année par les Hébreux avec les pains azymes, en souvenir du départ précipité et libérateur de l’Égypte. Jésus l’a annoncée dans son enseignement et il l’a instituée en célébrant la dernière Cène avec ses Apôtres, au cours du repas pascal. Fidèle au commandement du Seigneur : « Vous ferez cela, en mémoire de moi (I Corinthiens XI : 24) », l’Église a toujours célébré l’Eucharistie, surtout le dimanche, jour de la Résurrection de Jésus.

277. Comment se déroule la célébration de l’Eucharistie?

Elle se déroule en deux grandes parties, qui forment un seul acte cultuel : la liturgie de la Parole, qui comprend la proclamation et l’écoute de la Parole de Dieu, et la liturgie eucharistique, qui comprend la présentation du pain et du vin, la prière ou anaphore comportant les paroles de la consécration, et la communion.

278. Qui est le ministre du sacrement de l’Eucharistie?

C’est le prêtre (Évêque ou prêtre) validement ordonné, qui agit dans la Personne du Christ Tête et au nom de l’Église.

279. Quels sont éléments essentiels et nécessaires pour l’Eucharistie?

Ce sont le pain de blé et le vin de la vigne.

280. En quel sens l’Eucharistie est-elle mémorial du sacrifice du Christ?

L’Eucharistie est mémorial en ce sens qu’elle rend présent et actualise le sacrifice que le Christ a offert à son Père, une fois pour toutes, sur la croix, en faveur de l’humanité. Le caractère sacrificiel de l’Eucharistie se manifeste dans les paroles mêmes de l’institution : « Ceci est mon corps livré pour vous » et « Cette coupe est la nouvelle Alliance en mon sang répandu pour vous » (Luc XXII,19-20). Le sacrifice de la croix et le sacrifice de l’Eucharistie sont un unique sacrifice. La victime et celui qui l’offre sont identiques. Seule la manière de l’offrir diffère. Le sacrifice est sanglant sur la croix, non sanglant dans l’Eucharistie

281. De quelle manière l’Église participe-t-elle au sacrifice eucharistique?

Dans l’Eucharistie, le sacrifice du Christ devient aussi le sacrifice membres de son Corps. La vie des fidèles, leur louange, leur action, leur prière, leur travail, sont unis à ceux du Christ. En tant que sacrifice, l’Eucharistie est aussi offerte pour tous les fidèles, pour les vivants et les défunts, en réparation des péchés de tous les hommes, et pour obtenir de Dieu des bienfaits spirituels et temporels. De plus, l’Église du ciel est présente dans l’offrande du Christ.

282. Comment Jésus est-il présent dans l’Eucharistie?

Jésus Christ est présent dans l’Eucharistie d’une façon unique et incomparable. Il est présent en effet de manière vraie, réelle, substantielle : avec son Corps et son Sang, avec son Âme et sa divinité. Dans l’Eucharistie, est donc présent de manière sacramentelle, c’est-à-dire sous les espèces du pain et du vin, le Christ tout entier, Dieu et homme.

283. Que signifie la transsubstantiation?

La transsubstantiation signifie la conversion de toute la substance du pain en la substance du Corps du Christ et de toute la substance du vin en la substance de son Sang. Cette conversion se réalise au cours de la prière eucharistique, par l’efficacité de la parole du Christ et de l’action de l’Esprit Saint. Toutefois, les apparences sensibles du pain et du vin, c’est-à-dire les « espèces eucharistiques », demeurent inchangées.

284. La fraction du pain divise-t-elle le Christ?

La fraction du pain ne divise pas le Christ. Il est tout entier et intégralement présent en chacune des espèces eucharistiques et en chacune de leurs parties.

285. Jusqu’à quand demeure la présence eucharistique du Christ?

Elle demeure tant que subsistent les espèces eucharistiques.

286. Quelle sorte de culte est-il dû au sacrement de l’Eucharistie?

C’est le culte de latrie, c’est-à-dire l’adoration réservée à Dieu seul, soit durant la célébration eucharistique, soit en dehors d’elle. L’Église conserve en effet avec le plus grand soin les hosties consacrées; elle les porte aux malades et aux personnes qui sont dans l’impossibilité de participer à la Messe. Elle présente l’hostie à l’adoration solennelle des fidèles, la porte en procession, et elle invite à la visite fréquente et à l’adoration du Saint-Sacrement, conservé dans le tabernacle.

287. Pourquoi l’Eucharistie est-elle le banquet pascal?

L’Eucharistie est le banquet pascal parce que le Christ, accomplissant sacramentellement sa pâque, nous donne son Corps et son Sang offerts en nourriture et en boisson. Il nous unit à lui et entre nous dans son sacrifice.

288. Que signifie l’autel?

L’autel est le symbole du Christ lui-même, présent comme victime sacrificielle (autel–sacrifice de la croix) et comme nourriture céleste qui se donne à nous (autel–table eucharistique).

289. Quand l’Église fait-elle obligation de participer à la Messe?

L’Église fait obligation aux fidèles de participer à la Messe tous les dimanches et aux fêtes de précepte (en France : Noël, le jeudi de l’Ascension, l’Assomption et la Toussaint), et elle recommande d’y participer aussi les autres jours.

290. Quand doit-on communier?

L’Église recommande aux fidèles qui prennent part à la Messe de recevoir aussi, avec les dispositions voulues, la Communion, en en prescrivant l’obligation au moins à Pâques.

291. Qu’est-il exigé pour recevoir la Communion?

Pour recevoir la Communion, il faut être pleinement incorporé à l’Église catholique et être en état de grâce, c’est-à-dire sans conscience d’avoir commis de péché mortel. Celui qui est conscient d’avoir commis un péché grave doit recevoir le sacrement de la Réconciliation avant d’accéder à la Communion. Il importe aussi d’avoir un esprit de recueillement et de prière, d’observer le jeûne prescrit par l’Église et d’avoir des attitudes corporelles dignes (gestes, vêtements), comme marques de respect envers le Christ.

292. Quels sont les fruits de la Communion?

La Communion fait grandir notre union au Christ et avec son Église. Elle maintient et renouvelle la vie de grâce reçue au Baptême et à la Confirmation, et elle accroît l’amour envers le prochain. En nous fortifiant dans la charité, elle efface les péchés véniels et nous préserve, pour l’avenir, des péchés mortels.

293. Quand est-il possible d’administrer la Communion à d’autres chrétiens?

Les ministres catholiques administrent licitement la Communion aux membres des Églises orientales qui ne sont pas en pleine communion avec l’Église catholique, mais qui la demandent de leur plein gré, avec les dispositions requises. Quant aux membres des autres Communautés ecclésiales, les ministres catholiques administrent licitement la Communion aux fidèles qui, en raison d’une nécessité grave, la demandent de leur plein gré, qui sont bien disposés et qui manifestent la foi catholique à l’égard du sacrement.

294. Pourquoi l’Eucharistie est-elle « gage de la gloire à venir »?

Parce que l’Eucharistie comble de toutes les grâces et bénédictions du Ciel, elle nous rend forts pour notre pèlerinage en cette vie et elle fait désirer la vie éternelle, nous unissant déjà au Christ assis à la droite du Père, à l’Église du ciel, à la bienheureuse Vierge Marie et à tous les saints.

Je me suis offert tout entier pour vous à mon Père, je vous ai donné tout mon Corps et tout mon Sang pour nourriture, afin d’être tout à vous et que vous fussiez à jamais tout à moi. – L’Imitation de Jésus-Christ.

L’Eucharistie d’après le serviteur de Dieu Prosper Guéranger (extrait de L’Année liturgique)

Le troisième Sacrement, celui de la divine Eucharistie, a un rapport trop intime avec la Passion du Sauveur, pour que son institution eût été retardée jusqu’à la résurrection. Nous avons honoré , au Jeudi saint, l’acte solennel par lequel Jésus préluda au Sacrifice sanglant du lendemain, en inaugurant le mystère de son Corps et de son Sang, véritablement immolés dans la Cène eucharistique. Non seulement nous avons vu les Apôtres admis à participer, au nom de toutes les générations qui suivront jusqu’à la fin des siècles, à l’aliment céleste « qui donne la vie au monde (Jean VI : 33) » ; mais encore nous avons entendu le Prêtre éternel leur conférer le pouvoir de faire désormais ce qu’il venait de faire lui-même. Le sublime mystère est établi pour jamais, le sacerdoce nouveau est institué; et Jésus ressuscité n’a plus qu’à instruire ses Apôtres sur la nature et l’importance du don qu’il daigna faire aux hommes en cette circonstance, et sur la manière dont ils devront exercer l’auguste pouvoir qu’il a placé en eux, lorsque l’Esprit-Saint descendu du ciel donnera à l’Eglise le signal d’user de toutes ses prérogatives.

À la dernière Cène, les Apôtres, encore grossiers, préoccupés de l’événement qui allait éclater, émus des paroles de leur Maître qui les avait avertis que cette Pâque était la dernière qu’il célébrerait avec eux, étaient hors d’état de comprendre tout ce que Jésus avait fait pour eux, lorsqu’il leur avait dit : « Prenez et mangez : ceci est mon corps; buvez-en tous : ceci est mon sang. » Moins encore avaient-ils pu se rendre compte de l’étendue du pouvoir qu’ils avaient reçu de reproduire le mystère qui venait de s’opérer sous leurs yeux. C’était à Jésus ressuscité qu’il appartenait de leur dévoiler ces merveilles, et il le fait dans les jours où nous sommes. Le Sacrement de l’Eucharistie n’y a pas été institué; mais il y a été déclaré, exposé, glorifié par la bouche même de son divin instituteur; et cette circonstance contribue à rendre plus sacrée encore la période que nous traversons en ce moment.

De tous les Sacrements il n’en est aucun qui soit comparable en dignité à celui de la sainte Eucharistie ; les autres nous transmettent la grâce, mais celui-ci contient l’auteur même de la grâce; les autres sont seulement des Sacrements, et celui-ci est à la fois un Sacrement et un Sacrifice. Nous essaierons d’en développer toutes les magnificences, lorsque bientôt la radieuse fête du Saint-Sacrement apparaîtra sur le Cycle, et fera tressaillir de joie l’Église tout entière. Nous devons seulement aujourd’hui rendre l’hommage de nos adorations et de notre amour à Jésus, « le Pain vivant qui donne la vie au monde (Jean VI : 33, 41) », et proclamer sa tendre sollicitude pour ses brebis, qu’il semble abandonner pour retourner à son Père, et au milieu desquelles son amour le retient dans cet auguste mystère, où sa présence, pour être invisible, n’en est pas moins réelle.

Soyez donc béni, Fils éternel du Père, qui dans les divins oracles de l’antique Alliance, nous aviez déjà révélé que « vos délices sont a d’être avec les enfants des hommes (Proverbes VIII : 31) ». Vous nous le montrez aujourd’hui par ce merveilleux Sacrement qui concilie votre absence annoncée et votre séjour permanent au milieu de nous.

Soyez béni d’avoir voulu nourrir nos âmes comme vous nourrissez nos corps. Au Temps de Noël, nous vous vîmes naître en Bethléem, qui signifie la Maison du Pain. C’était un Sauveur qui naissait alors pour nous, et c’était en même temps un aliment qui descendait du ciel pour nos âmes.

Soyez béni, ô vous qui, non content d’avoir opéré, à la dernière Cène, le plus admirable des prodiges, en changeant le pain en votre corps et le vin en votre sang, voulez encore que cette merveille se renouvelle en tous lieux et jusqu’à la fin des temps, pour soutenir et consoler nos âmes.

Soyez béni de n’avoir mis aucune limite à notre empressement de recourir à ce Pain de vie; mais de nous avoir au contraire encouragés à en faire notre nourriture habituelle, afin que nous ne soyons pas exposés à défaillir sur le chemin de cette vie.

Soyez béni de la générosité avec laquelle vous avez exposé jusqu’à votre honneur pour vous communiquer à nos âmes, vous résignant aux blasphèmes des hérétiques, aux profanations des mauvais chrétiens, à l’indifférence des tièdes.

Soyez béni, divin Agneau, qui scellez la nouvelle Pâque par l’effusion de votre sang, et convoquez le nouvel Israël à s’asseoir à la table où votre sacré Corps est offert pour aliment à vos fidèles, qui viennent y puiser la vie à sa source même, et prendre leur part des joies ineffables de votre résurrection.

Soyez béni, ô Jésus, d’avoir institué, dans la divine Eucharistie, non seulement le plus noble des Sacrements, mais encore le plus auguste de tous les Sacrifices, celui par lequel nous pouvons offrir à l’éternelle Majesté le seul hommage digne d’elle, lui présenter une action de grâces proportionnée à ses bienfaits, lui fournir une réparation surabondante pour nos péchés, enfin demander et obtenir toutes les grâces dont notre vie passagère a besoin.

Soyez béni, ô notre Emmanuel, qui, dans les jours de votre vie mortelle aviez promis de nous donner ce Pain et ce breuvage; qui, la veille du jour où vous deviez souffrir, daignâtes nous laisser ce divin Sacrement comme le Testament de votre amour, et qui, dans les dernières heures de votre séjour visible ici-bas, en avez manifesté les excellences à vos Apôtres, afin que notre foi s’élevât à la hauteur du don que vous nous faites.

Nous vous l’offrons, cet hommage de la foi en votre parole, ô notre divin Ressuscité ! Nous confessons que, dans cet auguste Mystère, le pain est changé en votre Corps et le vin en votre Sang; et nous le croyons ainsi parce que vous l’avez dit, et que rien n’est au-dessus de votre puissance.